(Juste quelques aventures vécues lors de mon expatriation au Maroc en 2007/2008)
Vous voulez louer un appartement (exemple vécu) ? Il vous faut donc :
- trouver un appartement à louer (ben oui !)
- trouver le propriétaire (évident !)
- signer un bail de location (c’est la moindre des choses !)
- faire légaliser la transaction (surprise !)
Je ne m’étendrai pas sur les 3 premiers points mais je vais développer un peu le 4ème.
Afin de couper court à toute contestation d’authenticité lorsqu’un litige doit être mené devant les tribunaux, l’usage (voire la loi ou les règlements) impose que toutes les parties signataires se rendent dans un bureau officiel pour faire officialiser (légaliser est le terme consacré) le fait que les gens qui ont signés le documents correspondent bien aux différentes identités portées sur le document.
Pour ce faire, chacun se rend au Bureau de légalisation armé d’une pièce d’identité et du document à légaliser.
Un employé du Bureau compare alors :
- la pièce d’identité à son détenteur,
- les signatures sur le document et sur la pièce d’identité, puis :
- inscrit dans un registre le nom de la personne,
- fait signer (dépôt de signature),
- inscrit également la pièce d’identité présentée.
La dernière étape consiste à :
- inscrire dans un registre la nature du document légalisé,
- indiquer sur le document un numéro de légalisation,
- tamponner le document avec moult cachets.
Est-il besoin de préciser que cette démarche peut se révéler un vrai parcours du combattant si un mauvais karma s’en mêle. Petit exemple pour la légalisation de mon bail de location :
Premier round :
- rendez vous est pris avec le mandataire de mon propriétaire (celui ci habitant en Allemagne)
- comme le mandataire ne parle pas un mot de Français, un de ses amis l’accompagne
- rendez vous est pris pour le Vendredi après midi 14:30 (pas plus tôt parce que c’est jour de prière)
- le jour dit, nous voila au Bureau de légalisation
- il y a un monde fou
- le bureau ferme à 16:00
- 15:00 : le mandataire s’aperçoit qu’il à oublié sa Carte Nationale d’Identité (si vous ne voyez pas le problème, relisez les premiers paragraphes)
- 15:01 : le mandataire repart à toutes babouches … euh à toutes pompes chercher sa Carte
- 15:40 : le mandataire n’est toujours pas revenu et les employés commencent à plier les gaules !
- 15:50 : ça y est le bureau ferme et le mandataire revient enfin
- 15:51 : une discussion animée (très animée) s’engage avec les employés qui considèrent que leur journée est terminée et le mandataire et son ami qui sont modérément contents de voir que tout ferme avec 10 mn d’avance
- 15:55 : le bureau ferme, comme cela, les employés ne perdent pas la face mais on nous fait passer par derrière pour aller dans le bureau du chef pour faire quand même les papiers (le fils d’un de mes accompagnateurs Marocain me dit : « tu vois, ils vont nous la faire à la Marocaine ! »)
- 16:15 : les papiers sont faits, les registres remplis, mais le document n’est pas légalisé car comme s’est ma société qui va payer et que son nom est porté sur le document, il faut la signature du PDG (signature légalisée bien sûr)
Deuxième round :
- Retour le Mardi suivant dans un autre bureau de légalisation. Pas de chance, c’est jour de grève
Troisième round :
- Retour le Jeudi, toujours la grève, mais on entend dire que dans l’un des quartiers périphériques de Rabat, il y a un bureau qui ne fait pas grève.
- Nous nous y rendons rapidement et miracle il est ouvert
- Il nous faut alors moins de 5 minutes pour boucler le dossier.
Epilogue 1 :
- Ce fameux bureau non gréviste étant submergé par tous les administrés de Rabat limita dès le lendemain de notre visite son accessibilité aux seuls résidents du quartier.
Epilogue 2 :
- A noter que cette légalisation peut se faire en présence de toutes les parties ou bien en ordre dispersé, l’important étant que chaque partie communique à l’autre le document en question au fur et à mesure de l’avancée du processus.